Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/253

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Ah ! si je le croyais, Sylvio, j’irais la tuer de mes propres mains ! oui, qu’elle meure ! qu’elle meure sur l’échafaud ! tombe sa tête coupable ! Que ce tendre regard se glace sous le couteau ! Va me retenir dans un bon endroit une fenêtre à la Grève. Ah ! si tu savais, si tu savais ses crimes, quel abîme ! Ainsi, qu’on l’accusât ou qu’on la plaignît devant moi, je retombais dans le même égarement ! — Cependant il s’agissait pour la condamnée d’un grand délai. Je l’avais aperçue quand elle se livra au geôlier, inquiète, pensive, portant à chaque instant une de ses mains sur ses flancs qu’elle interrogeait avec une curiosité funeste ; quand M. le greffier vint lui lire son arrêt de mort, en ajoutant que quelqu’un demandait à lui parler, elle l’écouta de sang-froid, car elle avait réponse même à la mort ; l’instant d’après, je vis entrer deux hommes en habit noir, deux docteurs en médecine ; l’un sévère, déjà vieux, à l’air soucieux et occupé ; l’autre jeune, riant, évaporé, prenant la main de la condamnée avec grâce et politesse, pendant que son confrère avait l’air de la toucher à peine et montrait plus d’horreur qu’il n’en ressentait en effet. Au premier abord, le vieux médecin dit à l’huissier : — Cette femme n’est pas enceinte, que la loi s’exécute ; et il sortait. Déjà les soldats entraînaient Henriette, quand le