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Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/273

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sans que je pusse m’en débarrasser ; quoiqu’il fît nuit close, des étincelles lumineuses allaient et venaient devant mes yeux ; — et je ne pouvais me rien rappeler. J’essayai de dire mes prières, mais je ne pus me souvenir que d’une prière isolée, çà et là, et sans suite avec les autres prières ; il me semblait que ces mots confus, adressés en tremblant au Dieu terrible, étaient autant de blasphèmes que je proférais. — Je ne sais même plus ce que disaient ces prières, je ne puis pas me rendre compte de ce que je dis alors. Mais tout à coup il me sembla que toute cette terreur était vaine et inutile, et que je ne resterais pas là pour y attendre la mort. Espérance ! Était-ce bien de l’espérance ? — Et je me levai d’un seul bond ; je m’élançai aux grilles de la fenêtre du cachot, et je m’y attachai avec une telle force, que je les courbai, car je me sentais la puissance d’un lion. — Et je promenai mes mains sur chaque partie de la serrure de ma porte ; — et j’appliquai mon épaule contre la porte même, quoique je susse qu’elle était garnie en fer et plus pesante que celle d’une église ; — et je tâtonnai le long des murs et jusque dans le recoin de mon cachot, quoique je susse très-bien, si j’avais eu mes sens, que tout le mur était en pierres massives de trois pieds d’épaisseur, — et que lors même que j’aurais