Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/285

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cette idée ne se présenta bien certainement à mon esprit qu’après avoir appris ce qui s’était passé. »

Tel était ce récit funèbre. Ce récit était plein de tristesse, de gravité, de résignation ; il allait à merveille à ma tristesse présente. Je l’écoutai, non sans terreur, et cependant cette terreur même me réconciliait avec la mort. C’est bien le moins qu’on laisse au malheureux qui va mourir la dignité de son supplice ! Toutes les angoisses de ce condamné à mort, je les partageais, mais pour l’en féliciter dans le fond de l’âme. Ne jouons pas avec cette âme immortelle qui s’en va, violemment chassée du corps qu’elle habite.

Bon Sylvio ! il venait de me donner la seule consolation qui fût à la portée de ma douleur. Il venait de me prouver que je pouvais respecter Henriette, cette fille qui allait mourir.

L’histoire de ce condamné à mort fut pour moi un si grand soulagement, que je revins pour un instant à des idées littéraires qui étaient déjà si loin de moi.

« Mais, sais-tu bien, dis-je à Sylvio, qu’avec un pareil héros, un condamné à mort qui raconte lui-même l’histoire de son exécution à mort, on ferait un beau livre ?