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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/46

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César les voyait combattre, il applaudissait à leur courage, et ils se trouvaient assez payés. On vit un jour, en Afrique, trente de ces cavaliers des Gaules chasser devant eux deux mille hommes de la cavalerie numide, et les mener battant jusque sous les murs d’Adrumète.

Héroïsme mal employé, courage inutilement dépensé ! C’était ajouter encore à l’épuisement dans lequel deux années d’une lutte acharnée avaient jeté la Gaule.

« Qu’on se représente, dit Orose, un malade pâle, décharné, défiguré, après une fièvre brûlante qui a épuisé son sang et ses forces, pour ne lui laisser qu’une soif brûlante qu’il ne lui est pas donné de satisfaire. Voilà l’image de la Gaule, subjuguée par César, de la Gaule d’autant plus altérée de l’amour de la liberté perdue, que ce bien précieux semblait lui échapper pour toujours. »

Cette déclamation, d’une vérité si frappante, nous explique pourquoi, pendant toutes les guerres civiles qui éclatèrent après la mort de César, et bien que l’occasion fût belle, la Gaule ne fit aucun effort pour reconquérir ses antiques libertés.

Plus tard, sous Octave, le malaise de la servitude, l’inaction, l’ardeur naturelle à ces courages oisifs, produisirent quelques explosions sans résultat. Agrippa battit les Aquitains révoltés ; puis, courant aux bords du Thin, menacés par des bandes germaniques, il mit cette frontière de l’empire à l’abri de nouvelles invasions ; le moyen était simple : donner aux Ubes, peuplade admise au nombre des alliés de Rome, une partie du territoire des Trévires, livrer aux Tongres les terres désertes des Éburons.

Cependant, après cette illustre et décisive victoire d’Actium, Auguste, devenu maître absolu de l’empire, vint lui-même dans les Gaules pour y régler selon ses vues les formes de l’administration ; alors fut introduit dans le gouvernement de l’univers romain ce système de fiscalité impitoyable qui, bien plus que les invasions barbares, devait contribuer à la ruine de tout l’empire.

Le premier soin de l’empereur fut de briser le lien de confédération qui unissait entre elles les différentes nations gauloises ; il voulait établir, à la place de cette confédération nationale, l’unité romaine, Cette fois, toutes les anciennes divisions territoriales furent bouleversées. La Gaule était, avant la conquête, partagée en grandes sections longitudinales qui s’étendaient du nord au midi ;