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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/53

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vers la fin du quatrième siècle, le Tractus armoricanus comprenait cinq provinces, à savoir :

La première Aquitaine ;

La deuxième Aquitaine ;

La Sénonaise ;

La seconde Lyonnaise ;

La troisième Lyonnaise.

Il peut sembler étrange, au premier abord, qu’un arrondissement maritime s’étende aussi loin dans l’intérieur des terres que Bourges et Troyes ; mais il faut se rappeler que l’intérêt de la défense du pays ait été l’unique origine des divisions militaires qui parttageaient la Gaule.

Au cinquième siècle, les limites de l’Armorique se resserrent. Plus tard même, ce mot ne s’appliquera plus qu’à la presqu’île occupée par les Bretons, ainsi que l’expliquera la suite des événements ; bornons-nous, quant à présent, à l’histoire de la confédération armoricaine.

Les révoltes qui éclatèrent sous le faible Gallien avaient brisé, avons-nous dit, presque tous les liens qui unissaient la Gaule à l’Italie. Le génie d’Aurélien et les victoires de Probus arrêtèrent quelque peu cette première dissolution de l’empire romain ; mais tous les efforts des princes, leurs successeurs, furent impuissants à restaurer le vieil édifice qui tombait en ruines. Le génie administratif de Dioclétien, célébré par quelques historiens modernes, ne fit qu’ajouter à tant de désordres et de calamités.

En divisant l’univers romain en quatre parts, l’empereur multipliait les armées dans la même proportion. Or, comme chaque prince s’efforçait de rassembler autour de sa personne le plus de soldats et le plus de créatures qu’il pouvait réunir, le nombre de ceux qui prenaient devint bientôt tellement supérieur à ceux qui payaient, que les colons, écrasés par les impôts, désertèrent leurs champs, chassés par la plus affreuse misère. Les agents du fisc, comme une nuée d’oiseaux de proie, dévoraient la substance des provinces. Lactance nous a laissé un tableau déchirant de cette effroyable époque. Tant de souffrances jetèrent enfin dans le désespoir les petits cultivateurs, réduits à un état voisin de l’esclavage. Armés des instruments de leur profession, et poussés par une fureur aveugle, ils attaquent leurs ennemis et massacrent tout ce qui leur résiste. Les laboureurs combattent à pied, les pâtres montent à cheval. Ces bandes, qui rappellent celles