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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/54

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de Maricus, et dont nous retrouverons plus tard l’indomptable énergie et le même sentiment national chez les vaillants compagnons des chefs révoltés de la petite Bretagne, portèrent dans toutes les Gaules le carnage et la dévastation. Les rebelles avaient pour chefs Ælius et Amandus, chrétiens tous deux, s’il faut en croire une antique tradition. La discipline des légions commandées par Maxime obtint une victoire facile sur cette multitude confuse et mal armée ; mais la bagaudie, vaincue à Saint-Maur-des-Fossés, ne fut pas étouffée.

La révolte des provinces armoricaines, au commencement du cinquième siècle, ne fut, en effet, que le triomphe définitif de toutes ces insurrections nationales.

Nous allons laisser l’historien Zozime raconter cette grande révolution, qui rétablit non-seulement dans l’Armorique, mais même dans une grande partie des Gaules, l’ancien état de choses antérieur à la conquête :

« Comme la plus grande partie des troupes de Constantin étaient employées en Espagne, il arriva que les barbares d’outre-Rhin envahirent à leur gré les provinces ; ils forcèrent les habitants de l’île de Bretagne et certaines nations celtiques à se séparer de l’empire romain, à secouer le joug de leurs lois et à vivre selon leurs propres institutions. En effet, les Bretons prirent les armes, et, voyant qu’il y allait de leur salut, ils parvinrent à mettre leurs villes à l’abri des insultes de ces barbares. À l’exemple de la Bretagne, toute l’Armorique et les autres cités gauloises proclamèrent leur indépendance ; après avoir expulsé les magistrats romains, elles se constituèrent en une sorte d’état indépendant[1]. »

Enfin l’Armorique était libre. Mais il fallait lutter incessamment contre la double attaque des légions impériales et des barbares, qui se montraient de tous côtés.

Dès l’année 416, un préfet du prétoire des Gaules essaya de ramener les nations armoricaines à l’unité romaine. Un peu plus tard, Littorius les attaqua ; Sidoine Apollinaire, le seul historien qui ait raconté cette expédition, ne nous dit pas quel fut le résultat définitif de la campagne. Ce qui est certain, c’est que cette nation toujours mobile et indomptable[2] ne craignit pas de porter ses armes Jusque sous les murs de Tours, en 445 ; même cette ville de Tours serait tombée au pouvoir des Bretons si Majorien n’était pas arrivé en toute hâte au secours de la ville assiégée. Ce grand homme battit

  1. Zozime, l. VI, chap. v, in fine.
  2. Const. in Vit. sancti Germ.