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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/654

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du hardi marin qui, récemment encore, a renouvelé, en pleine mer, l’héroïsme et la gloire des navires de la Cordelière et du Vengeur.

Ce que nous disions de Brest, à plus forte raison le peut-on dire de Lorient. À la gaieté, à la bonne grâce des habitants, vous reconnaissez l’influence heureuse et saisissante de la mer. L’aspect et l’habit du marin, la franchise et la bonne humeur des rivages, vous annoncent tout de suite quelque chose de moins austère et de moins sauvage que dans les campagnes reculées. Les femmes, les premières, se ressentent de cette élégance du port de mer. Elles portent des coiffes tombantes, des capes en gros drap ; tantôt la cape tombe jusqu’à la ceinture, tantôt la cape est un capuchon sous lequel brillent ces beaux regards éveillés par la jeunesse et par les bruits harmonieux de la mer. Les bords du Blavet, qui vient se perdre dans la rade de Port-Louis, forment une nappe d’eau profonde, — et cependant, quand arrive l’heure, la mer remonte bien au delà de Hennebon. — Hennebon, c’est cette jolie ville à deux lieues de Lorient, aux blanches maisons pittoresquement renfermées dans ces vieilles murailles qui dominent tout le canal du Blavet. Hennebon a gardé les souvenirs, l’aspect, les fortes apparences d’une cité du moyen âge ; les vieux temps, c’était le beau temps de sa grandeur et de sa force. À ce moment de l’histoire, toute forteresse a son importance ; pas de rempart, pas un fossé qui ne compte dans les batailles féodales ; ce grand nombre de retranchements, de châteaux forts, d’obstacles, de seigneuries, faisait la gloire et l’importance de l’ancienne Bretagne. — La force est autre part aujourd’hui ; elle n’est plus sur tel point, à telle place, — elle est partout dans le royaume de France.

Nous vous avons raconté les siéges d’Hennebon au quatorzième et au seizième siècle, et l’héroïsme de Jeanne de Montfort. — Du vieux château restent deux tours ; le clocher est une belle œuvre du quatorzième siècle. — Entre Hennebon et la mer, vous rencontrez un petit village qui porte un nom souvent cité dans les histoires, Locpéran ou le Blavet, — place forte sous Louis XIII, très-honorée aujourd’hui d’être le chef-lieu d’un canton, et de s’appeler Port-Louis.

Dans ce département du Finistère sont nés deux hommes qui, sans pouvoir être comparés à leur admirable compatriote l’auteur de Turcaret et de Gil Blas, ont tenu cependant une place éminente, une place méritée, dans la partie militante, la plus périlleuse et la plus ingrate