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INTRODUCTION

reuse passion de toutes les heures, cette naïveté d’enfant, ces larmes, la douce rosée de nos vingt ans, cette profonde ignorance du monde littéraire et du monde des arts ? J’étais encore si bon la veille, si naïf encore, si aimant, si aimé ! Le lendemain me voilà cherchant des haines, froissant les amours-propres, m’attaquant à des renommées brillantes et fragiles comme le verre ! tout cela parce que j’étais allé à l’Opéra-Comique, un soir d’été, avec une demoiselle de l’Opéra !

Car, sorti de l’Opéra-Comique, mon ami me donna le secret de sa vie élégante, et de ses loges au théâtre, et de ces belles dames dans les belles loges. Il ne s’agissait, pour être heureux comme lui, que de prendre son collier de journaliste ; et moi, innocent, je tendis la tête, ne voyant pas que le col de mon ami fût pelé. Quant à la fin de mon histoire à Nevers, vous la savez déjà sans que je vous la dise. Je tombai encore cette fois du haut d’une chimère brillante dans une réalité bien triste !