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DE SADE.

folie qui prend un homme au coin de la borne, sur le grand chemin, dans les bras de sa mère ; Julien était un jeune homme perdu à jamais.

Je ne tenterai pas de vous raconter dans tous ses détails cette cruelle histoire. À l’heure qu’il est cet enfant bien né et bien élevé, et de nobles penchants, il est plus que fou, il est idiot ; sa vie est une peur sans fin et sans cesse ; il ne voit partout que trappes ouvertes, instruments de tortures, bourreaux, supplices, poisons ; voici douze ans qu’il est ainsi. Sa mère en est morte de chagrin ; son oncle a mieux fait que de ne pas mourir : il a vécu pour son neveu. À présent encore, lorsqu’il veut lui parler, il est obligé de quitter sa robe de prêtre ; le crucifix lui-même a disparu de la maison : le crucifix faisait peur à Julien.

Ce ne fut qu’un mois après ce funeste et inexplicable événement que le malheureux curé en découvrit la cause. La servante, en faisant le lit de Julien, trouva un volume du marquis de Sade que Julien y avait caché.