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LE MARQUIS

Elle porta ce livre a son maître : le digne homme y jeta les yeux, et à peine en eut-il parcouru quelques lignes qu’il sentit que s’il allait plus loin sa raison était perdue. Alors il comprit dans son entier le malheur du pauvre enfant.

Ce vieux curé est un homme simple et bon, et d’un grand cœur, et d’une grande sévérité pour lui-même, comme tous ceux qui sont indulgents pour les autres. Il se reconnut donc coupable d’avoir ainsi recélé le poison qui avait tué une âme faite à l’image de Dieu ; il comprit que son devoir eût été de jeter au feu le livre damné qui lui tuait sa famille. Son premier mouvement fut d’aller se jeter aux pieds de son neveu, et de lui demander pardon, et d’implorer sa miséricorde ; mais son neveu le repoussa avec horreur. Alors, le dimanche suivant, avant la messe, les habitants du village réunis, le vieux pasteur se plaça devant l’autel. Bien que ce fût un joyeux jour de grande fête, l’abbé Gabriel était dans