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LE MARQUIS

était lézardée et craquait de toutes parts ; le faubourg Saint-Antoine s’agitait autour du vieux monument, la menace dans le regard et la colère dans le cœur. En même temps grondaient au loin les premiers murmures, avants-coureurs de la révolution française. La France était emportée par ce tourbillon de passions et de réformes qui devait la mener si loin par des chemins si sanglants et la placer si haut. Le marquis de Sade profita de cet affaiblissement dans l’autorité, qui se faisait sentir au pied du trône comme dans la profondeur des cachots. Un jour même que le marquis avait été privé de sa promenade habituelle sur la plate-forme, hors de lui, il saisit un long tuyau de fer-blanc terminé par un entonnoir qu’on lui avait fabriqué pour vider ses eaux, et, à l’aide de ce porte-voix, il se met à crier au secours, ajoutant qu’on veut l’égorger ; il appelle les citoyens. Le peuple accourt et menace de loin la Bastille. M. de Launay, le gouverneur, écrit sur-le-champ à