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DE SADE.

Versailles : on lui répond qu’il est le maître du prisonnier, qu’il en fasse à sa volonté, qu’il peut même disposer de sa vie s’il le juge à propos. M. de Launay se contenta d’envoyer de Sade à Charenton. Enfin, le 17 mars 1790, parut le décret de l’assemblée constituante qui rendait la liberté à tous les prisonniers enfermés par lettres de cachet : le marquis de Sade sortit de prison, il fut libre. — Fasse le ciel qu’il soit heureux ! disait sa belle-mère.

Alors arriva bientôt 92, puis 93 ; vinrent les réactions sanglantes, vinrent les dictateurs tout-puissants, vinrent Danton et Robespierre ; alors toutes les places publiques furent encombrées de ces machines rouges qui marchaient du matin jusqu’au soir. Vous croyez peut-être que le marquis de Sade, après tant de meurtres ébauchés, l’homme sanglant va enfin se livrer à cœur-joie à sa manie de carnage, et se repaître, au pied de l’échafaud, de supplices et de larmes : vous ne connaissez pas cet homme : les bourreaux de 93 lui font pitié. Il ne comprend