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HOLBEIN.

après, par arrêt du parlement, sous prétexte qu’elle ne parlait que l’allemand, qu’elle ne savait pas la musique, et qu’elle ressemblait à une grosse cavale flamande. Du reste, il n’eut pas un reproche pour Holbein.

Mais Holbein, quelle dut être sa frayeur quand il vit monter sur l’échafaud la reine Catherine d’Aragon, cette belle Espagnole ! Quelques jours après, comme l’échafaud n’était pas encore lavé, comme le sang royal fumait encore, Holbein fut appelé pour faire le portrait d’une autre reine, Anne de Boleyn. Il fit aussi le portrait de celle-là, songeant malgré lui à Catherine d’Aragon. Comme la main tremblait au peintre ! comme son cœur battait ! comme il la vit déjà mourante et condamnée, cette femme si fière alors, et si éclatante, et si belle, et si aimée, celle pour qui Henri VIII commettait son premier crime juridique ! Anne de Boleyn était loin de prévoir ce qui se passait dans la pensée de son peintre ; seulement elle le trouva triste et mélan-