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INTRODUCTION

Comme j’étais là triste et pensif, et tout prêt à rentrer au collège si on avait voulu me recevoir ; comme j’étais là à les voir tous, ces joyeux enfants devenus des hommes, s’en aller à cheval, en voiture, à pied, dans des maisons toutes préparées pour les recevoir ; et moi, tout seul !… ô bonheur ! tout au bas de la rue je vis, accourant à aussi grands pas que le permettait sa vieillesse, je vis arriver ma vieille bonne tante, mon soutien, mon espoir, le frêle bâton de ma jeunesse, ma tante, elle-même, toujours elle ! Pauvre femme ! Il y a de cela dix ans bientôt, elle avait quatre-vingts ans passés ; mais c’était une femme du vieux temps, qui avait été toute sa vie belle et forte et d’un grand cœur. Elle avait passé une partie de sa vie en mer sur un vaisseau, et en Corse dans la citadelle ; elle avait été embrassée par Paoli, elle avait connu Pozzo di Borgo jeune homme, elle savait toute l’histoire de Gênes et de la Corse ; puis, revenue de là-bas veuve et toute seule,