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INTRODUCTION

entortillée dans une robe bigarrée, portant des gants de couleur, les cheveux relevés sur le front, le regard inquiet et hautain à la fois. Oh ! quelle déception ! C’était pourtant ce même regard qui m’avait jeté sans le savoir dans la vie littéraire ! Ce qu’elle chanta, cette femme, je ne saurais le dire. Elle chanta si mal qu’elle fut applaudie à outrance par toutes les autorités locales. C’en était fait, elle était revenue à la vie vagabonde, la Bohémienne civilisée ; elle était entrée de nouveau dans cette vie nomade et misérable qui a tant de charme pour l’artiste dramatique ; existence vagabonde toute chargée d’humiliation et de misère, et de gloire douteuse dont l’enivrement est d’un effet irrésistible sur ces âmes à part. J’étais à ce concert comme Milton enfant. Il dormait un jour quand deux belles dames s’arrêtèrent devant son sommeil, et firent glisser deux vers d’amour dans son sein : à son réveil il trouva les vers ; les belles dames s’étaient enfuies. J’étais Milton