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UNE NUIT

core une fois. Alors nous aperçûmes cette troisième colonne de l’univers recharger en chancelant sur les épaules de son esclave le tapis mystérieux. À ma grande surprise, je reconnus dans l’esclave Éros, bon et valeureux soldat, le même qui devait apprendre à son maître comment il fallait mourir. Il était facile de voir qu’Éros avait pris sa part du festin : son pas était mal assuré, et souvent il s’arrêtait comme pour retrouver sa route. Il allait ainsi tout hors de lui lorsqu’un incident étrange vint encore augmenter son trouble. Nous étions encore en présence du palais d’Antoine : l’Empereur, entouré de ses courtisans et chargé comme eux de la couronne de lierre des banquets, respirait machinalement l’air frais du matin, tout étonné de voir se lever l’aurore autrement qu’à la tête d’une armée. Ce fut alors qu’une musique qui n’était pas de la terre se fit entendre : c’étaient des sons doux et tristes dont la monotonie n’était pas sans charmes, et qui n’avaient rien