rais l’achever sans vous. Ainsi deux fois cette horrible Léonore accabla la douce Louise. Pendant que Louise portait le cilice de Léonore, Léonore portait les habits de fête de Louise ; pendant que Louise priait et jeûnait à la place de Léonore, Léonore entassait sur Louise toutes sortes de malédictions et d’opprobres ; le jour où le peuple voulut faire justice de Léonore, Léonore chassa Louise de son cachot et elle la livra au peuple à sa place. — Ah ! c’est là une affreuse histoire !
— D’autant plus affreuse, dit le diable, qu’en ce temps-là la justice des hommes était violente, et qu’elle ne s’arrêtait guère quand une fois elle était lancée. Cette nation française qui a tant d’esprit, à ce qu’on dit, s’est pourtant laissé couper, trancher, décimer, assassiner par une poignée de misérables qu’on eût mis en fuite à coups de bâton !
— Ah poursuivit le diable, c’est une triste souveraine, la terreur ! elle avilit les plus nobles, elle fait pâlir les plus braves, elle