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LES ÉGOUTS.

récages, obstruent son cours dans tous les sens ; le nénuphar, douce plante des eaux, et le cresson, qui annonce leur santé et leur vigueur, disparaissent dans cette désolation générale ; point de verdure, point de fleurs sur ces bords maudits ; à peine quelques saules rares, et qui n’ont pas de feuilles pour pleurer ; comme aussi pas un poisson dans cette eau aux mille couleurs : la carpe, qui aime la fange, meurt dans la Bièvre parisienne ; l’écrevisse s’enfuit, l’anguille n’y a jamais paru ; il n’y a pas jusqu’aux grenouilles, bruyantes filles du marais, qui n’aient en horreur cette onde impitoyable ; le crapaud lui-même, oui, le crapaud ne veut pas habiter ces bords désolés. En fait d’habitants de ces ondes, il n’y a que d’horribles sangsues ; encore leur piqûre est funeste ; tristes sangsues, qui ne sont bonnes à rien, pas même à soulager le malade dont elles boiraient le sang !

Les rats seuls règnent en maîtres sur ces rivages empesés ; ils y viennent attendre au