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LES ÉGOUTS

passage les charognes que l’eau entraîne. Et quelle eau ! si limpide à sa source, mais, une fois à Paris, noire, épaisse, fétide ! L’hydrogène sulfuré se dégage en gros flocons à sa surface ; elle ne peut ni cuire les légumes ni dissoudre le savon. En revanche, elle change de son souffle abominable l’argent en cuivre. On disait que l’eau de la Bièvre était excellente pour la teinture : on flattait l’eau de la Bièvre. Dans la manufacture même des Gobelins on est souvent obligé de se servir de l’eau de la Seine quand il faut obtenir quelques-unes de ces nuances si fines et si délicates à l’aide desquelles on peut rendre la vie même à la couleur de Rubens.

Mais, si cette rivière est sale et fétide, ses travaux sont glorieux et utiles ; une armée de soldats ne saurait suffire à accomplir tout ce que la Bièvre accomplit à elle seule. À peine échappée de sa source, elle rencontre une usine dans le vallon de la Meulière ; elle fait mouvoir un moulin à papier à Chevreuse,