Chaque équarrisseur transporte le chenal mort dans une charrette jusqu’en son enclos. Ce cheval mort, qui se donnait autrefois pour rien, se vend bel et bien aujourd’hui, grâce à la concurrence, tantôt douze francs, tantôt quinze, suivant la qualité de l’animal. Quand l’animal est vivant encore, on le mène par bandes à son dernier travail : vous les voyez passer attachés l’un à l’autre avec de mauvaises cordes, et pouvant à peine se soutenir. Arrives dans l’enceinte funèbre, on leur coupe la crinière et les crins de la queue ; on leur met au cou un os de cheval qu’ils ont peine à traîner, tant ils sont faibles ; et ils attendent la mort sans un grain d’avoine, sans un brin d’herbe. Quelle triste fin pour le compagnon de nos travaux et de nos batailles ! On en a vu de ces malheureux que la faim pressait à ce point qu’ils devenaient carnassiers, et qu’ils dévoraient de longues parties d’intestins dans lesquels se trouvaient enfermées quelques misérables parcelles d’une avoine