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les mémoires

douze premiers livres d’épigrammes sont tachés du nom de Domitien. C’est en vain que j’ai voulu louer le tyran en honnête homme : il y a de certaines louanges qui ne peuvent pas être honnêtes. Pour me punir, la Muse, qui est juste, m’abandonna toutes les fois que je parlai de cet empereur digne de Néron ; oui, et moi, je le dis à ma gloire, malgré toute mon imagination et toute ma facilité à écrire en vers sur un sujet donné, j’ai toujours été un mauvais poëte et un maladroit quand j’ai flatté l’empereur Domitien. J’ai fait des vers sur l’amphithéâtre qu’il a bâti, et je n’ai rien trouvé de mieux que de comparer cet amphithéâtre aux pyramides d’Égypte et d’en faire la huitième merveille du monde ; j’ai raconté que de tous les coins de l’univers les barbares arriveraient pour saluer ce terrible César. J’ai flatté toutes les manies du tyran. Par ses ordres cruels, des femmes descendaient dans l’arène pour s’entre-déchirer : j’ai célébré le courage de cette Vénus aux griffes terribles ;