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de martial.

on jetait aux ours des malheureux que les ours dévoraient tout vivants : j’ai trouvé que ces supplices, toujours renouvelés, représentaient à merveille le supplice de Prométhée, et j’ai dit à ce sujet mille affreuses gentillesses. Un autre jour c’était un rhinocéros qui faisait ses premiers débuts dans le Cirque : j’ai applaudi le rhinocéros impérial. L’ours eut son tour, et j’ai chanté l’ours pris dans la glue comme un habitant de l’air. Une lionne, percée d’un javelot, jeta un petit dans l’arène : à ce propos, j’ai comparé César à Lucine ; à trois fois je suis revenu sur l’histoire de cet enfantement étrange. Je n’ai pas oublié l’éléphant qui adorait César à genoux : « Crois-moi, disais-je à Domitien, l’éléphant comprend tout comme nous ta divinité. » Triste flatteur que j’étais ! voilà comment je cherchais à chaque instant à couvrir mes malheureux éloges par quelque allégorie qui les fît paraître moins directs ; je mettais à profit la plus petite anecdote du Cirque : — le tigre privé qui