Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
les mémoires

s’empêcher de te pleurer. Depuis trois ans qu’il a quitté sa misère poétique pour la fortune, il n’a pas osé invoquer une seule fois cette muse souriante et déguenillée qui ne lui faisait jamais faute dans sa maison sans toit et sans ombrage. Recevez donc ce nouveau livre de mes souvenirs comme il a été écrit et pensé, c’est-à-dire style et pensées de la province, livre romain, non pas seulement écrit en Espagne, mais, j’en ai peur, un livre espagnol. Pauvre malheureux écrivain que je suis ! les temps sont bien changés pour mon esprit : autrefois j’envoyais mes livres de Rome chez les autres peuples, maintenant je les envoie des bords du Tage à Rome. Et cependant, va mon livre ! Malgré la distance qui te sépare de la ville, tu ne passeras pas pour un nouveau venu ni pour un étranger dans la cité de Romulus, où tu comptes déjà tant de frères. Va, tu as le droit de cité romaine ; frappe hardiment au palais neuf, où leur temple vient d’être rendu au chœur sacré des Muses ;