dernier distique, je pensais en grelottant à la raison de campagne que m’a donnée Domitien.
Cependant, en me trouvant réponse à tout, l’assemblée battait des mains. — Courage ! s’écriait-on, courage, Martial ! Voilà de la poésie bien jetée ! voilà de l’improvisation nette et rapide ! — Et l’on m’accablait de mots nouveaux, et moi je répondais toujours :
« Parlez-moi des navets d’Amiterne ! honte aux navets ronds de Nuscia ! — Honneur à l’asperge de Ravenne, à la figue de Chio qui porte avec elle, comme le vieux vin de Sétie, son vin et son sel ! — Rien ne vaut les coings miellés, les dattes dorées, présent du pauvre, les prunes de Damas que la vieillesse a ridées et flétries, le fromage de Luna ou de Vélabre, imbibé de fumée. — Servez-moi la saucisse de Lucanie, entourée d’une bouillie blanche. — Je veux que les olives viennent de Picenum, les citrons des jardins de Corcyre, les sangliers de l’Étolie, les grenades