Aller au contenu

Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
étienne béquet.

et d’Horace, et même de Lucain, qu’il se reprochait d’aimer un peu trop. En effet le vieux Planche, retrouvant ainsi son savant et ingénieux disciple si merveilleusement entouré de ses souvenirs classiques, se rassurait peu à peu : il ne pouvait croire, le digne homme, qu’on pût mourir si jeune et si vite quand on avait encore présents dans la pensée de si beaux vers.

Et, je vous prie, quel est aujourd’hui l’homme de quarante ans qui se souvienne de son vieux professeur et que son vieux professeur vienne voir au lit de mort ? Cruels que nous sommes, et sans pitié pour nous-mêmes, nous avons tout brisé de nos jours, surtout ces premiers liens de l’enfance. Ceci soit dit à la fois contre le maître et contre l’élève. D’abord le maître fait peu d’attention au disciple ; après quoi, tout naturellement, le disciple oublie le maître ; dans le cours de la vie ils passent l’un près de l’autre sans même se jeter un regard, sinon de haine ou de dédain. Cette visite du vieux savant