Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
étienne béquet.

il savait toutes choses par un pressentiment qui n’était qu’à lui : les gloires écloses d’hier, il les connaissait sans en avoir entendu parler ; les grands hommes de la veille, il les jugeait, avec son bon sens goguenard, tout comme s’ils eussent été des grands hommes du lendemain. Rien ne pouvait l’étonner ni le surprendre, même l’absurde ; et vous pensez, à voir et à entendre tous les barbares qui glapissent de la prose ou qui hurlent des vers, si jamais un regret venait le saisir d’avoir abandonné la vie littéraire, lui qui en savait si bien tous les secrets !

Mais, hélas ! cet esprit qui le soutenait encore ne pouvait pas le soutenir toujours ; l’heure était proche où il allait expier par la mort les innocents et cruels égarements de sa vie. Sa tête était encore puissante, mais son corps était débile. Un matin qu’il était couché dans sa maison, il ne put plus se relever. Il fallut le porter chez l’habile médecin (le docteur Blanche) qui lui prodigua, mais