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Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/213

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étienne béquet.

ce char funèbre ? La journée a été bien triste et bien lente ! Nous sommes arrivés enfin à Bessancourt, dans ce village où s’est élevée son enfance ; nous avons passé devant la maison paternelle, jadis si heureuse et si fière d’ouvrir ses portes à son jeune maître. Ô triste destinée des hommes ! Dans cette même maison, quand Béquet était jeune, il y avait un jeune homme comme lui qui venait chaque année demander l’hospitalité. Une fois installé dans sa chambre, ce jeune esprit ardent, infatigable, hardi à outrance, s’abandonnait à cette science improvisée dont il est le maître. Dans cette maison ont été écrites les plus belles pages de l’Histoire de la Révolution français, ou plutôt dans cette maison a été devinée cette histoire par le seul écrivain qui fût digne de la raconter. Ah ! si Béquet à ce moment avait voulu ouvrir les yeux, s’il se fût approché de cette torche brûlante, s’il eût compris comment était conduite, à travers tant d’écueils, cette frêle barque qui portait Thiers et sa fortune,