s’inquiétant peu d’histoire et ne sachant rien du siècle où il était, le malheureux jeune homme s’arrêtait des mois entiers à voir folâtrer ce monde d’accessoires, ce monde de superfluités, pendant que le monde grave et solennel, le monde de M. Persil et de M. d’Argout, allait toujours son train.
Moi, qu’affligeait tant d’insouciance, je répétais toujours : — Tu n’y vois pas ! tu es aveugle, ami ! Vois donc tout ce que tu as laissé passer sans le voir : l’Empereur d’abord, ce géant sous lequel tu es né, tu ne l’as pas vu avant son départ pour sa tombe, et tu pouvais le voir ! la première et la seconde restaurations, suivies et non pas précédées de cosaques, tu pouvais les voir, tu ne les as pas vues ; Louis XVIII, ce roi dans son char de triomphe et dans sa bière, mécréant et si habile, roi et cadavre, tu pouvais le voir ; tu pouvais voir la brillante calèche du sacre de Reims donnant la main au vaisseau de Cherbourg ; tu pouvais voir enfin le pro-