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l’aveugle.

leil, la promenade du soir, les fleurs du printemps, les fruits de l’automne, les brises murmurantes du vent d’hiver ? Plaisirs d’aveugle, bonheur d’aveugle, sais-tu rien de mieux ? La vue de nos grands hommes et de nos grands monuments fait pitié. Lire nos poëtes modernes, c’est dormir. Moi, quand je voudrai de la poésie, je me répéterai deux ou trois cents vers que je sais par cœur. Moi, mon exil est fini dans ce monde mobile ; grâce à mes yeux, je suis sûr de rester le même quand tout change. Si j’y vois moins, j’entendrai mieux ; et qu’est-ce que l’histoire ? du bruit, plus encore que du mouvement.

À ces raisons, ne sachant que dire, j’allai chercher les dessins de Charlet, la gravure de Dupont, les croquis de Delaroche et de Decamps ; je montrai tout cela à l’aveugle.

— Tu as raison, dit-il, tout cela est l’art moderne : Decamps, Charlet, Ingres ; ajoutes-y quelques vers de M. de Lamartine, une