au hasard ; au mari qui achetait un bouquet pour sa femme, comme il eût acheté une poupée pour sa fille, Mme Prevost donnait un bouquet tel quel : elle savait si bien que ce bouquet ne serait regardé ni par celui qui le donnait ni par celle qui le devait porter ! Elle avait des bouquets pour tous les âges, pour toutes les positions de la vie ; elle voyait d’un coup d’œil quelle était la fleur qu’il fallait employer pour sauver un pauvre cœur qui allait se perdre, pour ranimer un amour qui faiblissait. Elle était indulgente pour les uns, sévère pour les autres, impitoyable pour le séducteur, bienveillante pour l’amant timide. Elle disait qu’elle n’était jamais si heureuse que lorsqu’elle tressait une couronne virginale. Que de jeunes femmes elle a sauvées qui ne se sont pas douté de la main qui les sauvait ! que de Lovelaces arrêtés dans leur triomphe qui en sont encore à se demander : Comment donc celle-là m’a-t-elle échappée ? Mme Prevost avait poussé si loin la science de cette langue em-
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