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de madame prevost.

si peu conquérant, se prit à m’estimer, à me parler un peu plus qu’elle ne parlait à ses meilleures pratiques ; si bien que peu à peu, à force de réserve, de prudence, de gaucherie, et en n’achetant des bouquets qu’à la Sainte-Anne, à la Sainte-Marie et à la Saint-Louis (les belles fêtes !), je finis par entrer dans la confiance et dans l’arrière-boutique de Mme Prevost.

Cette arrière-boutique n’était rien moins que le laboratoire de Mme Prevost. C’était une espèce de bosquet réservé, où étaient précieusement gardées les plantes les plus rares. Là régnait, là vivait la maîtresse de céans, là seulement elle s’abandonnait à sa contemplation mélancolique du cœur humain, là elle composait ses chefs-d’œuvre d’un jour. Que dis-je, un jour, ces chefs-d’œuvre d’une heure qui brillent de cet éclat éphémère à la main droite, à la ceinture, sur le sein nu des plus belles créatures parisiennes ! Dans ce réduit, où très-peu d’hommes