Aller au contenu

Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
le livre

j’étais bien fier ! Dans mon orgueil, j’imaginai de planter là ma conquête et d’aller lui chercher un bouquet. Le hasard, non pas l’instinct, me fit entrer chez Mme Prevost, et à mon air effaré, triomphant, satisfait, elle devina tout de suite de quoi il s’agissait. À cette causse elle me donna un immense bouquet, précurseur du bouquet comique, qui n’était pas inventé ; et, comme je trouvai que le prix était exorbitant, non pas pour mon orgueil, mais pour ma bourse, — « Jeune homme, me dit Mme Prevost, on me paie ce qu’on veut le premier bouquet qu’on m’achète, » et je revins au Théâtre-Français avec le bouquet que j’avais acheté, ou plutôt qu’elle m’avait donné ; et vous jugez des éclats de rire quand je présentai cette masse informe à mon artiste, que j’avais juchée galamment et économiquement aux secondes loges de côté ! La leçon me profita : devenu plus sage et plus riche, je n’achetai plus à Mme Prevost que quelques bouquets de famille ; et elle, me voyant si bon homme et