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LES DÉTENUS

tous ces beaux jeunes gens, le printemps de l’Opéra, de la rue du Helder et du boulevard de Gand : c’est la jeunesse, c’est ce charmant recors qui les va prendre le matin dans leur lit soyeux, et qui, les arrachant à leurs riches tapis, à leurs belles amours, à leurs bronzes dorés, vous leur met la main sur le collet, les jette sur la paille d’un fiacre, et les entraîne dans ces murs où retentissent mille cris de joie. La prison de Clichy, ce n’est pas une prison, c’est une élégante maison d’où l’on ne peut sortir. La porte s’ouvre d’elle-même ; seulement un domestique attentif vous évite la peine de la refermer vous-même. De vastes galeries vous reçoivent, toutes remplies de jeunes femmes au doux sourire ; le jardin est rempli de bruits joyeux et de frais ombrages ; toute la maison appartient de droit aux plus beaux, aux plus jeunes, aux plus passionnés à la bonne heure ! Quiconque entre là peut se dire : J’ai bien usé de la vie, j’ai bien usé de l’amour, j’ai passé