Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
LA FOLLE.

trouvait son époux comme elle l’avait laissé au mois de mai, quand elle le revoyait aussi resplendissant que jamais, et toutes les feuilles de l’arbre jaillissant à sa venue, comme fait l’étincelle sous le marteau du forgeron, alors la douce joie revenait au cœur de la pauvre femme ; alors elle quittait le deuil, elle prenait sa robe la plus éclatante, elle chantait son hymne le plus doux. — Réjouissez-vous sur le ciel et sur la terre, réjouissez-vous, vous les astres du firmament, et vous les flots de la rivière ! vous les anges là-haut, et vous les hommes ici-bas, réjouissez-vous ! mon mari le soleil était malade et il est revenu en santé ; il était absent et il est de retour ! — Et en effet, la nature entière obéissait à la pauvre folle, la nature entière se réjouissait : l’époux de la folle était de retour.

Cette heureuse folie a duré dix ans sans avoir pu se guérir. Mais cette femme était si heureuse ! pourquoi donc la guérir de son bonheur ? Il y a trois ans que la femme du so-