Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/257

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Avant l’abolition de l’échelle mobile, en 1846, il n’y avait point de stocks permanents ; le régime de l’entrepôt en douane n’avait été établi qu’en 1815. En raison des risques occasionnés à la fois par les droits de douane, qui croissaient automatiquement, et par les chances des transports, — un voyage aller sur lest et retour avec chargement de grains dans la mer Noire durait huit mois, — les importateurs n’opéraient qu’en prévision de gros bénéfices ; 10 à 20 pour 100 étaient un minimum. Sur les expéditions de la mer Noire, on demandait à gagner 100 à 200 pour 100. Aujourd’hui, les bénéfices sont extrêmement réduits, d’abord parce qu’à Londres même le nombre des négociants de blés s’est beaucoup multiplié et qu’ils ont dû abaisser leurs prix de vente au profit du consommateur ; puis parce que la concurrence que les importateurs se font profite même au producteur russe, à qui ils doivent faire des conditions meilleures[1]. Les quelques raids sur le marché, que peuvent faire de temps à autre des spéculateurs audacieux (§ 16), sont loin d’égaler en importance le bénéfice acquis à la fois aux consommateurs et aux producteurs par cette diminution du taux des profits commerciaux.

III. — Les opérations du commerce sont des opérations en disponible ou des opérations à terme[2].

Les ventes en disponible (en anglais spot) sont ainsi appelées parce que le vendeur livre immédiatement ou dans un très bref délai, déterminé par les usages locaux, une marchandise qu’il a sous la main et dont il peut disposer. Quant à l’acheteur, pour les raisons que nous avons exposées au chapitre ii, § 7, il se réserve fréquemment un délai de paiement et règle son achat en effets de commerce à une échéance plus ou moins rapprochée. [fin page236-237]

  1. Autrefois les agents des négociants anglais se faisaient payer par les vendeurs russes une commission élevée : il y a vingt ans elle était encore de 2 et demi pour 100 ; elle ne dépasse plus aujourd’hui 1 ou 1 et demi pour 100, en attendant de disparaître tout à fait.
  2. Sur quelques places, notamment au Havre, on entend par ventes à livrer des ventes en disponible ; ailleurs (V. notamment Nouveau dictionnaire d’économie politique, v° Marchés à terme), on entend par là les opérations à terme. Pour éviter toute amphibologie nous ne nous servirons pas de cette expression.