Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/329

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Le 1er novembre 1887, les autorités directrices du Standard oil trust firent une stipulation avec l’Association protectrice des producteurs de gisements d’huile minérale, par laquelle 5 millions de barils appartenant au Standard oil Trust furent mis à part pour le bénéfice de l’Association, moyennant l’engagement pris par elle de réduire la production des huiles brutes d’au moins 17.500 barils par jour. Si, à la fin de l’année, la production se trouvait avoir été réellement réduite à cette limite, l’Association des producteurs gagnait toute l’huile vendue au delà de 62 cents le baril, magasinage, pertes par le feu et assurances déduits. Pour assurer l’exécution de cette partie des accords, l’Association des producteurs fit à son tour une convention avec l’Union ouvrière des foreurs de puits, par laquelle elle consentait à leur payer tous les profits au delà de 62 cents le baril sur un million de barils d’huile et une partie des profits sur un autre million de barils, moyennant l’engagement pris par eux de cesser de creuser et de nettoyer les puits dans toute l’étendue des gîtes d’huiles minérales. On payait ainsi un nombre d’hommes considérable pour qu’ils restassent oisifs. Les foreurs de puits appelaient ce gain-là l’huile ! A la suite de ces divers contrats, la réduction moyenne de la production fut de 25.000 barils par jour. Peut-être, jusqu’à concurrence de 7.000 barils, cette réduction était due à une diminution du rendement des puits ; mais pour le reste elle était bien le résultat de cet accord.

Le Standard oil trust a surtout accru sa puissance en obtenant des chemins de fer pour ses produits des tarifs de transport réduits de moitié. Il menaçait les compagnies de construire lui-même une nouvelle ligne ; mais il exigeait aussi que les compagnies continuassent à appliquer à ses quelques concurrents les tarifs ordinaires. L’acte du Congrès sur l’interstate commerce d’avril 1887 a seul pu mettre fin à ce genre de manœuvres. Quant à la législature et aux cours de justice de Pensylvanie, elles ont été, pendant des années, sous la coupe du Standard oil trust, qui était le maître véritable des élections de cet État.

Les trusts recourent aux procédés habituels pour forcer les fabriques qui préféreraient garder leur indépendance à entrer dans leur combinaison ou à fermer. Ainsi le Sugar trust refusait à New-York de vendre des sucres raffinés aux brokers