Aller au contenu

Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La spéculation d’accaparement conçue par Secrétan, avec l’aide d’un syndicat de grands financiers de Paris et de Londres, trouvait, à la fin de 1886, sur tous les métaux ce qu’on appelle des cours de découragement.

L’année 1882 avait marqué dans le monde entier la liquidation d’une période d’activité. Les moyens de production développés durant les années précédentes encombraient le marché ; les stocks s’y accumulaient et la langueur générale de la consommation semblait ne laisser aucun espoir de relèvement. Les prix étaient plus bas qu’ils n’avaient jamais été. A Paris, l’étain, qui se vendait, en décembre 1881, 297 fr. le quintal, était tombé à 207 et était alors à 271 fr. ; le zinc, de 47 fr. 1/2, était descendu à 38 fr. 1/2 et y restait depuis deux ans ; le plomb, de 37 fr. 3/4, avait baissé à 32 fr. 1/4 ; le cuivre enfin était tombé de 185 fr. à 103 fr.[1].

Cependant ces périodes de dépression n’ont qu’une durée limitée ; le bas prix des matières premières tend à provoquer de nouveaux développements de la consommation, et, une fois les anciennes affaires liquidées, une autre génération est toute prête à en entreprendre de nouvelles. Ces symptômes étaient visibles à la fin de 1886.

Secrétan se trouvait à la tête de la Société industrielle et commerciale des métaux. Cette société s’était constituée en 1881 parla fusion de la Société J. Laveissière et Cie, qui depuis 1812 traitait le cuivre en France, avec la Société anonyme des établissements Secrétan, qui était plus récente. Elle avait été formée au capital de 25 millions, et ses actions avaient été attribuées aux propriétaires des anciennes sociétés, qui cherchaient à les écouler graduellement. Sous la direction de Secrétan, les usines de la société donnèrent pendant les premières années des résultats techniques forts remarquables, mais qui furent neutralisés par la baisse des produits, résultat fatal de celle du cuivre en barres.

C’est ce qui engagea Secrétan, de concert avec la Haute

  1. V. les articles publiés par M. P. Leroy-Beaulieu, dans l’Economiste français des 24 et 31 décembre 1887, au début des opérations du syndicat.