Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/345

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tonnes, s’interdisaient de vendre à d’autres qu’à lui une portion si minime qu’elle fût de leur production. Chacune de ces mines traita d’ailleurs avec le Syndicat dans des conditions plus ou moins avantageuses selon son importance. Plusieurs d’entre elles stipulèrent, en dehors d’un prix déterminé au moment de la livraison, une part ultérieure et proportionnelle dans les bénéfices à réaliser.

La majeure partie des mines de cuivre du monde était ainsi entrée dans cette vaste entreprise. Quelques-unes cependant restèrent en dehors, notamment la Cape copper mining Company, la plus puissante des compagnies anglaises.

Le Comptoir d’escompte avait à sa tête comme directeur Denfert-Rochereau, comme président du conseil d’administration M. Hentsch père et comme membre M. Laveissière, qui faisaient partie en même temps du conseil d’administration de la Société des Métaux. Denfert-Rochereau, au mépris de ses statuts, donna la garantie du Comptoir aux contrats passés avec les mines américaines et espagnoles. Les fonds dont pouvait disposer le syndicat étaient insuffisants pour soutenir cette opération gigantesque, pour payer ces immenses achats, d’autant plus que la consommation n’absorbait qu’une faible partie de ce stock toujours croissant. Pour pouvoir constater en écritures des bénéfices et distribuer des dividendes aux actionnaires de la Société des métaux, à qui on proposait le doublement du capital, on imagina de vendre une partie de ce stock, à un prix très élevé à Secrétan lui-même et la société fut créditée du prix en écritures. Au commencement de 1889, quand la situation était presque désespérée, on créa à Paris une Compagnie auxiliaire des métaux, avec quelques fonds apportés par les syndicataires. La Compagnie auxiliaire des métaux reprenait aussitôt 75.000 tonnes de cuivre faisant partie du stock de la Société des métaux. Elle en réglait le prix tant au moyen de son capital propre que par des emprunts sur warrants. C’était en réalité un simple jeu d’écritures ; mais les donneurs de crédit, en prenant part à la fondation de cette nouvelle société, se dégageaient des promesses