Aller au contenu

Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

système, ces monopoles mettent les ouvriers en présence d’un seul industriel qui les détient. Elle leur indique qu’il n’y a que deux moyens pour s’affranchir : l’un, transitoire, la coopération ; l’autre, définitif, dernier terme de l’évolution sociale : le service public. La grande bataille est surtout livrée actuellement contre les petits capitalistes, les petits bourgeois, chaque jour rejetés dans le prolétariat. Si on veut appliquer des lois pour empêcher la ruine fatale des petits industriels, elles suggéreront peut-être aux patrons de réclamer des lois pour empêcher l’action ouvrière. Lorsque le capital universel sera entre les mains d’une minorité, si petite qu’elle sera visiblement aperçue par tous, le problème social sera simplifié, comme le problème politique serait simplifié s’il n’y avait qu’un seul monarque.

Le citoyen Borrows proposait en conséquence d’ajouter aux résolutions ci-dessus le paragraphe suivant :

Considérant, d’autre part, les immenses difficultés, en l’état actuel du capitalisme, d’empêcher par une loi la formation des trusts, le Congrès exhorte les travailleurs à faire tous les efforts possibles pour s’organiser de telle façon qu’ils puissent saisir, le moment venu, les moyens de production et de distribution accaparés par les monopolistes actuels, afin de les utiliser en vue du bien-être de la nation et non pour une seule classe privilégiée[1].

Tout ce que prévoit complaisamment ce docteur en socialisme n’est pas encore réalisé et ne se réalisera probablement pas. Les grands accaparements commerciaux semblent ne devoir être que des perturbations temporaires. Quant aux syndicats industriels pour régler la production, si multipliés en Allemagne et aux États-Unis, ils ne sont vraisemblablement

  1. Voy. le Parti ouvrier du 22 juillet 1889.