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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/405

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portugais, justifient sans doute la baisse universelle des bourses européennes survenue en 1891 ; mais les proportions qu’elle a prises indiquent un refoulement systématique et voulu par la Haute-Banque. Le brusque refus de la maison Rothschild de procéder à la conversion Russe annoncée au mois de mai en a donné le signal (chap. x, §7), et il serait naïf d’y voir seulement un moyen de pression sur le cabinet de Saint-Pétersbourg en faveur des Israélites, comme on l’a dit.

XVI. — Les gains obtenus par les grands spéculateurs au moyen de pratiques aussi immorales excitent naturellement le désir de les imiter chez une foule d’individus, qui, en travaillant dans leurs bureaux et en suivant la Bourse, se sont peu à peu initiés à leurs procédés. N’ayant pas de capitaux propres et ne pouvant s’en procurer par des moyens réguliers de crédit, ils cherchent à disposer de ceux du public. Mais les grandes sociétés financières en ont déjà absorbé la plus grande partie par leurs agences et leurs succursales de province. Il leur faut donc s’attaquer à la crédulité des petits, à l’état d’esprit troublé des gens qui ont fait des pertes et cherchent à les réparer par un coup de hasard. Dans les moments d’entraînement, quand l’attention publique est surexcitée par des campagnes de hausse successives, ces spéculateurs de troisième ordre organisent autour de la Bourse des agences, sous le nom de banques, et poursuivent le public de journaux spéciaux et de circulaires, dans lesquelles ils offrent de faire bénéficier, en les groupant, les plus petites mises, 1.000 francs, 500 francs, voire 100 francs, des procédés les plus compliqués de la spéculation. Ils trouvent toujours malheureusement des dupes et déjouent ainsi les règlements des bourses, qui, en fixant des minima assez élevés aux opérations à terme, ont voulu en réserver la pratique aux gens en état d’agir en connaissance de cause. Ces agences sont connues à Londres et à New-York sous le nom de bucket shops. En France, elles ont pullulé de nouveau en 1890, comme en 1880 et 1881. [fin page384-385]

Elles offrent des revenus de 12