Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/618

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

circulation et feraient hausser d’autant plus les prix que l’Office monétaire, par ses retraits de billon, essayerait de la contracter. L’acte de 1844, qui, en Angleterre, a limité l’émission des billets, a eu précisément ce résultat, et, dans la pratique actuelle de ce pays, les crédits en banque sont considérés comme de l’argent comptant, de l’in cash. Il est aussi impossible de comprimer les expansions du crédit que la vapeur ;

2° Les prix varient en sens inverse de la quantité de monnaie en circulation ; mais leur hausse ou leur baisse, nous l’avons vu, ne sont pas strictement proportionnelles à l’augmentation ou à la diminution de cette quantité. Sans cela, en France, où la somme des espèces et des billets est de 208 francs par tête d’habitant, les prix devraient être de 100 et de 145 pour 100 plus élevés qu’en Angleterre, où cette somme est de 108 francs, et en Allemagne, où elle est de 78 fr. Le nombre des échanges à opérer, les habitudes dans l’usage de la monnaie ne peuvent pas être réduits à des formules mathématiques. L’élément humain, même en cette matière, déjouera toujours par quelque côté l’effort régulateur de l’Office international ;

3° Les variations dans la puissance d’acquisition de la monnaie se font surtout sentir sur les prix des matières premières et sur les ventes en gros. Elles n’atteignent que lentement le commerce de détail, à cause de la résistance des intéressés qui défendent leur situation. L’action de l’Office monétaire, en donnant artificiellement une puissance d’acquisition plus ou moins grande à la monnaie pour corriger des perturbations naturelles, causerait souvent des perturbations légales beaucoup plus graves. Il faudrait supposer ou le remplacement complet du commerce de détail par le système coopératif, ou bien sa réglementation générale par les autorités locales, qui le tariferaient d’après les prix du gros, de manière à ce que l’effet de l’émission ou du retrait du billon régulateur fût réellement atteint ;

4° Tous les systèmes d’étalon multiple de la valeur le font dériver du prix des différentes marchandises types, sans tenir compte des salaires, des gages, de la rémunération des professions libérales[1]. Cependant les besoins de la vie civilisée consistent autant en services qu’en produits. M. Walras va au-devant de cette objection. « A l’état d’équilibre de l’échange et de la production, dit-il, le prix des services est déterminé par le prix des produits et non pas le prix des produits par le prix des services, et le prix des produits est déterminé par la condition de satisfaction maxima des besoins, qui est ainsi la condition

  1. Il faut cependant faire une exception pour le système proposé par le professeur Nicholson dans le Journal of statistical society de Londres de 1887. Il tient compte des salaires et de leurs diverses catégories comme des prix des différentes marchandises.