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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/65

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financières. Les frais de justice exorbitants, dont nous nous plaignons aujourd’hui, sont presque exclusivement le fait du fisc, qui a su transformer les avoués, les notaires, les huissiers, les greffiers en agents de perception et rejeter sur eux l’odieux d’une spoliation des petits patrimoines qu’il devrait seul porter.

Au degré inférieur de l’échelle sociale, les domestiques épargnent beaucoup plus que les ouvriers proprement dits et les artisans pour les mêmes raisons et aussi parce que la domesticité correspond généralement aux années de la jeunesse et du célibat. Parfois, les épargnes qu’ils ont réalisées durant cette période disparaissent quand surviennent les charges de famille ou qu’ils exercent pour leur compte un commerce de détail ou une petite industrie ; mais ces épargnes sont souvent aussi le point de départ d’un petit patrimoine.

Jadis, les domestiques n’avaient d’autres ressources pour leurs économies que le bas de laine ou l’acquisition de quelques animaux domestiques que les coutumes rurales les autorisaient à garder chez leur maître ou qu’ils confiaient à des voisins à titre de cheptel[1]. C’est une des catégories de personnes que la reconnaissance du prêt à intérêt et surtout les caisses d’épargne et les valeurs mobilières ont le plus poussées à l’économie.

Il s’est formé, dans ces dernières années, en France des associations pour l’achat en commun de valeurs à lots. La plus connue est la Fourmi, qui en est à sa onzième série et gère près de 30.000 comptes. A côté d’elle, il en est des multitudes plus modestes, mais dont les noms baroques, la Tirelire, le Bas-de-laine, la Boule-de-neige, la Pelote, la Mascotte, la Glaneuse, la Pondeuse, le Semeur, indiquent l’horizon dans lequel vivent leurs fondateurs. Les valeurs à lots, quoiqu’étant sur les grands nombres un placement moins

  1. V. un exemple dans les Ouvriers européens de F. Le Play, 2e édit. Monographie du bordier de la Basse-Bretagne, §§ 7 et 12.