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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/80

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plus-value et la multiplie indéfiniment, selon la formule de l’intérêt composé, par une production incessamment continuée dans ces conditions et par la circulation de la valeur en argent des produits[1].

Tout est, dans ce sophisme, arrangé à plaisir pour exaspérer l’ouvrier : douze heures de travail ; six pour lui, six pour le patron. Est-ce la réalité des faits ?Voyez plutôt comment se répartissent les bénéfices entre le capital et le travail dans l’industrie des mines, où les constatations statistiques sont fort exactes.

En 1888, dans une année assez prospère, toutes les houillères françaises ont gagné 33.362.109 francs (dividendes et réserves), ce qui fait ressortir le bénéfice moyen du capital à 1 fr. 47 par tonne, tandis que le salaire de l’ouvrier a été de 5 fr. 04 par tonne. Partagée entre les 104. 959 mineurs, cette somme leur eût donné un salaire supplémentaire de 318 francs par an, soit sur 292 journées de travail une augmentation de 1 fr. 09, ce qui eût élevé le salaire de l’ensemble des mineurs de 3 fr. 89 à 4 fr. 98, soit de 21 pour 100. Mais dans cette moyenne on réunit les 127 mines en perte aux 166 mines qui étaient en gain ; de plus, le salaire moyen de l’ouvrier est fortement relevé au-dessus de cette moyenne par les subventions de toute sorte que les compagnies faisant des bénéfices attribuent à leurs ouvriers. Enfin, dans les prélèvements faits par le capital sur le produit des mines, sont compris non seulement les dividendes, mais encore les réserves affectées aux travaux d’avenir destinés à permettre de continuer l’exploitation pendant les années mauvaises. Si l’on compare seulement les dividendes touchés par les actionnaires avec les salaires, le résultat est bien plus saillant.

En 1881, les 20.701 ouvriers des houillères du département

  1. Karl Marx, le Capital, traduction entièrement révisée par l’auteur (Paris, 1872, Maurice Lachâtre. In-4), pp. 73-74, 82-84, 254 et suiv. Le tome II de cet ouvrage a paru après la mort de l’auteur par les soins de Frederic Engels à Hamburg, en 1885. Les fragments sur le processus de la circulation qu’il contient ne font que répéter les théories du premier volume.