Aller au contenu

Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LES MINUTES

sans cesse et toujours les morceaux de zinc volent aux rideaux. Notre mère viendra voir leurs matches verticaux, et ne sera plus incrédule. »

Feuilletée par la maternelle approche la porte de chêne, Aster s’écrie pour la seconde fois : « Veux-tu t’en aller de ma chambre ! J’ai un revolver dans ma main, et qui partira sans nul doute. Je tâterai avec sa balle comme avec un tentacule très précis, les bruissements mobiles des ombres spectrales aux murailles. Ou je percerai tout être vivant — veux-tu t’en aller de ma chambre ! — qui fraudera la jouissance solitaire de MES apparitions. —

Car les voici qui commencent le défilé ; et voici que se lève tout droit, sur ma commode, le spectre de cet ami, vivant pourtant encore, à l’air godiche. Veux-tu t’en aller de ma chambre ! L’œil du revolver regarde aux rideaux l’invisible bruit de papier gris froissé.

Sur la deuxième vitre à gauche se lève le soleil de l’araignée nuptiale avec ses quatre pattes. J’allais tirer. Veux-tu t’en aller de ma chambre. Je la couvrirai d’un vase de cristal opaque, à manche spatulé, semblable à une clochette d’élé-