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Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/222

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CÉSAR-ANTECHRIST

sagouin, ou je te poche avec décollation et torsion des jambes.

Mère Ubu. — Ah ! le voilà dehors, mais il y a une lettre.

Ubu. — Lis-la. Je crois que je perds l’esprit ou que je ne sais pas lire. Dépêche-toi, bouffresque, ce doit être de Bordure.

Mère Ubu. — Tout justement. Il dit que le Czar l’a accueilli très bien, qu’il va envahir tes États pour rétablir Bougrelas et que toi tu seras tué.

Ubu. — Ho ! Ho ! J’ai peur ! Jai peur ! Ha ! je pense mourir. Ô pauvre homme que je suis ! Que devenir, grand Dieu ? Ce méchant homme va me tuer. Saint Antoine et tous les Saints, protégez-moi, je vous donnerai de la phynance et je brûlerai des cierges pour vous. Je suis tout disposé à devenir un saint homme, je veux être évêque et voir mon nom sur le calendrier.

Mère Ubu. — Il n’y a qu’un parti à prendre, Père Ubu.

Ubu. — Lequel, mon amour ?

Mère Ubu. — La guerre !!

Tous. — Vive Dieu ! Voilà qui est noble !