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Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/244

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CÉSAR-ANTECHRIST

Ubu (parle en dormant). — Ah ! sire Dragon Russe, faites attention, ne tirez pas par ici, il y a du monde. — Ah ! voilà Bordure, qu’il est mauvais, on dirait un ours — et Bougrelas qui vient sur moi ! L’ours, l’ours ! Ah le voilà à bas ! qu’il est dur, grand Dieu ! — Je ne veux rien faire, moi ! Va-t’en, Bougrelas ! — Entends-tu, drôle ! Voilà Giron maintenant, et le Czar ! Oh ! ils vont me battre. — Et la Rbue. Où as-tu pris tout cet or ? Tu m’as pris mon or, misérable, tu as été farfouiller dans mon tombeau qui est dans la cathédrale de Varsovie, près de la Lune. Je suis mort depuis longtemps, moi, c’est Bougrelas qui m’a tué et je suis enterré à Varsovie près de Vladislas le Grand et aussi à Cracovie près de Jean Sigismond et aussi à Thorn dans la casemate avec Bordure ! Le voilà encore. Mais va-t’en, maudit ours. Tu ressembles à Bordure. Entends-tu, bête de Satan ? Non, il n’entend pas, les Salopins lui ont coupé les oneilles. — Décervelez, tudez, coupez les oneilles, arrachez la finance et buvez jusqu’à la mort, c’est la vie des Salopins, c’est le bonheur du Maître des Finances.

(Il se tait et dort.)