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Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/243

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CÉSAR-ANTECHRIST

Ubu. — Non, je ne veux rien faire, moi ! Je suis fatigué, bien sûr !

Cotice (rentrant). — Quelle neige, mes amis, on se dirait en Castille ou au Pôle Nord. La nuit commence à tomber. Dans une heure il fera noir. Hâtons-nous pour voir encore clair.

Ubu. — Oui, entends-tu, Pile, hâte-toi. Hâtez-vous tous les deux ! Embrochez la bête, cuisez la bête, j’ai faim, moi !

Pile. — Ah ! c’est trop fort à la fin ! Il faudra travailler ou bien tu n’auras rien, entends-tu, goinfre !

Ubu. — Oh ! ça m’est égal, j’aime autant le manger tout cru, c’est vous qui serez bien attrapés — et puis j’ai sommeil, moi !

Cotice. — Que voulez-vous, Pile ? Faisons le dîner tout seuls. Il n’en aura pas, voilà tout. Ou bien on pourra lui donner les os.

Pile. — C’est bien. Ah ! voilà le feu qui flambe.

Ubu. — Oh ! c’est bon, ça, il fait chaud maintenant. Mais je vois des Russes partout. Quelle fuite, grand Dieu ! Ah ! (Il tombe endormi.)

Cotice. — Finissons de faire le souper.