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DE SABLE MÉMORIAL

Être horrible et vague, la nuit en fureur l’a vomi ainsi qu’une lourde vague qui glisse et déferle aux dalles d’un phare. La vitre frémit et son œil s’effare. Veilleuse mourante, sombre dans la coupe aux flots d’huile fauve.

L’enfant dort. Son corps, son corps d’émail aux veines bleu de Sèvres, repose très calme dans le grand lit sombre. Vogue dans la coupe aux flots d’huile fauve, veilleuse, et répands ta lumière lourde aux vapeurs de soufre sur l’enfant qui dort.

La vitre se crève, cerceau de papier. Un corps de limace oscille dans l’ombre. L’enfant se réveille, et ses grands sourcils arqués dans la nuit font battre leurs ailes. Frémis dans la coupe, veilleuse, et deviens la lampe d’un mort !

Les ténèbres sont un filet rempli de monstres sans nom. La vitre étoilée à ses pointes claires accroche des larves. La coupe n’est plus qu’un vase de poix. Les Anges qui veillent éclairés d’étoiles ont éteint leurs lampes.