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DE SABLE MÉMORIAL

Et les chandelles de résine pleurent des larmes qui grésillent ; et dans leur fumée d’encens regardent de leurs yeux troubles monter l’âme badine du navré Achras.

ii

Phonographe

La sirène minérale tient son bien-aimé par la tête, comme un page d’acier serre une robe. Le livre se ferme pour écraser les mouches, 8 nimbés de gaze, abat-jour de lampes charbonnées. Elle plaque ses mains estropiées d’un geste brusque sur la droite et la gauche de la tête de son amant passager, et elle ne le blesse point, la vieille amoureuse, ni ses griffes ne l’écorchent : comme au vent d’hiver les bouts de branches sèches, le temps les a déclouées de son souffle froid. Ses doigts ont roulé sur le sol en jeu de quilles ; paralysés, organes rudimentaires, ils ont disparu ; et comme aux chevaux depuis le déluge, un seul os coiffé d’un seul ongle. Elle ne le blesse point, la vieille amoureuse, ni ses griffes ne l’écorchent : son doigt unique, col de fémur dont un fourmilier a lapé la moelle,