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SPÉCULATIONS

— dès qu’on a découvert son gîte on l’enclôt incontinent de bonnes murailles, à peu près de même sorte que l’on agit pour les lièvres et les faisans des chasses présidentielles. La veille d’une grande battue, on nous confia le poste périlleux et honorable de la garde du drapaud : nous devions veiller à ce qu’il ne s’échappât point, et nous pûmes, non sans quelques frémissements bien naturels chez un chasseur, épier de près l’animal.

Le drapaud endormi dans sa bauge, d’après nos observations, se roule en boule à la façon du hérisson ; mais ses piquants sont disposés autrement ; à vrai dire il n’en porte qu’un, de couleur jaunâtre et métallique, dirigé le plus souvent vers le ciel : une sorte de corne. Son corps est cylindrique à l’instar de celui du serpent, mais peu flexible. Aussi notre comparaison du sommeil du drapaud avec celui du hérisson n’est-elle pas de tous points congrue. La vérité est qu’il replie, autour de ce corps rigide et reposant sur le sol par le bout de sa queue, des ailes membraneuses, ou plutôt une aile unique, aussi mince que celles de la chauve-souris, et trilobée, quant à sa couleur, dont le bariolage flatte l’œil presque autant que celui de certains escargots.

Il est assez fréquent que l’extrémité de la queue du drapaud se différencie en une excroissance singulière. Certains auteurs vont jusqu’à